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mercredi 24 avril 2024
 
 
 
Presse Ecrite

Arraya : Le dirigeant sahraoui, Khalihenna Ould Errachid a affirmé, que la solution de compromis, fondé sur l’autonomie, reste la solution idéale pour le conflit du Sahara. Cette déclaration a été faite lors de l’interview qu’il a accordé à Arraya, au Maroc, dans le quel il a traité de la réalité du conflit, du travail du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes dont il a été désigné Président par le Souverain marocain, le Roi Mohammed VI. Et c’est le Conseil qui doit jouer un rôle important dans le dossier du Sahara dans la période future.



Khalihenna Ould Errachid est né en novembre 1951, à Laâyoune, à l’époque où le Sahara vivait sous l’administration espagnole, alors que dans les autres parties du Maroc, la révolution armée contre le régime du Protectorat a commencé. Ould Errachid a suivi ses études dans la capitale espagnole Madrid, avant que le Maroc ne libère le Sahara, après la Marche verte. Il a fondé le parti de l’Union Nationale Sahraouie, espagnol, connu sous son abréviation PUNS.

Sous la souveraineté marocaine, Ould Errachid a été nommé, entre 1977 et 1992, Ministre des Affaires Sahariennes dans les gouvernements qui se sont succédés au Maroc.

M. Ould Errachid a représenté la ville de Laâyoune, en tant que député au Parlement marocain pendant la période allant de 1977 et 2002. Il a aussi, été élu, Président du Conseil municipal de la ville de Laâyoune, la plus grande des villes du Sahara depuis 1983. M. Ould Errachid est aussi considéré comme l’un des fondateurs du Rassemblement national des Indépendants, d’où il s’est retiré en 1982, pour fonder le Parti National Démocratique.

Dans ce qui suit le texte intégral de cet interview :

Arraya : Commençons par l’événement de la grâce accordée par le Souverain marocain, le Roi Mohammed VI à 48 prisonniers sahraouis, sur intervention du Conseil que vous présidez. Cela signifie-t-il que le Conseil a déjà commencé à travailler ?

Khalihenna Ould Errachid : Oui, effectivement..C’est une preuve concrète que le Conseil a commencé à travailler, un travail sérieux et rentable, sur le plan politique au plus haut niveau.

Ce pas fait par SM le Roi Mohammed VI, en graciant ceux qui restent des prisonniers des derniers événement qui ont eu lieu, dans les provinces du sud, est la preuve qui tranchante, que la politique instauré par SM le Roi est une politique sérieuse d’application de ce qui a été évoqué dans son discours du 25 mars dernier, à Laâyoune, dont la réconciliation totale et définitive avec les Sahraouis, en tournant la page du passé avec ses défauts et ouvrant une nouvelle page axée principalement sur le fait que le Maroc se construira sur des bases solides, fortes et modernes, dans tous les domaines, politique, économique et social, qui satisfont toutes ses composantes. Et à leur tête, la composante sahraouie. Donc, la politique actuelle tend à démontrer que le projet marocain que conduit le Roi, est un projet sérieux et crédible.

Arraya : Le dernier rapport de Kofi Annan, en plus du fait qu’il a recommandé la prolongation du mandat de la mission des Nations Unies au Sahara, a appelé les parties du conflit à une solution politique juste et mutuellement accepté. Et ce que cela veut dire que le projet de James Baker et l’organisation d’un referendum d’autodétermination ont été définitivement abandonnés ?

Khalihenna Ould Errachid : Très juste. C’est la première conclusion qu’on tire du Rapport de Kofi Annan, soumis actuellement au Conseil de sécurité, en attendant l’adoption d’une résolution à ce propos.

Ainsi Annan réaffirme, sans aucun doute possible, que le plan Baker a été définitivement enterré. Car c’est un plan qui n’est pas applicable pour la situation du Sahara. De même que le projet du referendum fondé sur l’identification qui a pris du travail des Nations Unies, de longues années, ne pouvait pas réussir. Car l’organisation des Nations Unies n’a jamais organisé de referendum basé sur l’identification, depuis sa création en 1948. Pas un seul referendum.

Ce referendum est non applicable car les tribus recensées par l’ONU n’habite pas que dans le Sahara marocain, mais aussi, dans d’autres pays voisins, qui sont l’Algérie, la Mauritanie et le nord du Mali. Alors, si nous voulons organiser un referendum libre, honnête, démocratique et juste, l’opération référendaire doit englober tous les Sahraouis répartis dans ces différents pays. Et cela est bien évidemment impossible. C’est pourquoi un referendum basé sur l’identification est absolument impossible. Il ne nous reste qu’à s’orienter vers un accord politique qui satisfait toutes les parties.

Arraya : Dans ses réactions, le leader du Polisario a qualifié le projet d’autonomie marocain au Sahara, d’être injuste envers les Sahraouis, alors que le Gouvernement par le biais de son porte-parole, Nabil Benabdallah, refuse toute négociation avec le Polisario, en privilégiant une procédure envers l’Algérie. En tant que Conseil consultatif sahraoui, quelle est votre position sur ces réactions ? 

Khalihenna Ould Errachid : Le projet d’autonomie ne contient aucune injustice envers les Sahraouis, bien au contraire, c’est une justice rendue aux Sahraouis dans tous les domaines.

Premièrement : Leur rendre justice, avec la reconnaissance officielle de leur statut au sein de l’Etat marocain, en tant que composante fondamentale de la Nation marocaine à travers l’histoire.

Deuxièmement : l’autonomie n’est pas injuste avec les Sahraouis, à propos de ce qu’on qualifie d’autodétermination, puisqu’elle leur accorde des droits, non seulement économiques et sociaux, mais aussi des droits politiques. Cela veut dire que ce projet ouvre aux fils de la région d’être les maîtres chez eux et de gérer leurs affaires eux même. Elle le permet, sur le plan économique, de profiter de toutes les richesses. Sur le plan social, elle leur permet de garder toutes leurs coutumes dans un cadre général qui est le Royaume du Maroc, car les habitants du Sahara ont un lien historique et religieux avec Amir Al Mouminin, qui est le Roi du Maroc. Un lien de leur parent et aïeux, qu’on ne peut sous quelque prétexte que ce soit, abandonner : c’est l’Allégeance.

Mais l’allégeance d’une part est suivie de droits politiques, économiques, sociaux, de l’autre. Et ces droits, l’autonomie les garanties.

Bien entendu, pour concrétiser l’autonomie dans la réalité, nous sommes près à entrer dans des négociations avec le front Polisario, qui sont nos frères et parents, qui ont été malheureusement, poussés par les conditions mondiales et les conditions qui prévalaient auparavant au Maroc, de prendre cette position extrémiste. Mais maintenant, il n y a plus de justification pour revendiquer le séparatisme. Surtout que toutes les revendications des Sahraouis sont réalisées par l’autonomie.

Concernant l’Algérie, le pays frère, l’Etat arabe, musulman et africain, elle dit qu’elle n’est pas partie prenante du conflit. Nous lui répondons : d’accord, nous avons confiance en votre parole, et nous lui demanderons donc, d’abandonner les vestiges du passé, tel que les problèmes de frontières puisque la plupart des ces problèmes sont finis et font partie du passé, et qu’elle nous aide à entamer les négociations avec les frères du Polisario, pour rassembler les Sahraouis et poser les fondements de l’autonomie, qui réalisera pour tous leurs objectifs et buts.

Elle réalise pour le Maroc sa souveraineté définitive,  pour les Sahraouis marocains ce qu’ils revendiquent comme droits politiques, économiques, sociaux et culturels. Elle réalise pour l’Algérie, la préservation de sa dignité, car elle a aidé les Sahraouis pendant toutes ces années. Donc elle les aura aidé à obtenir quelque chose de concret. Et ses efforts n’auront pas été perdus pour rien.

De là le projet d’autonomie est la voie unique pour résoudre le problème du Sahara. Il n y a donc aucune autre solution, ni par la voie des Nations Unies, ni par d’autres voies. Et c’est aussi, sur cette base que se construira le Maghreb arabe, pour que nous nous consacrions à résoudre les problèmes aux quels nous sommes confrontés ensemble dans tous les domaines politiques, économiques et sociaux, ainsi qu’aux domaine de la démocratie et l’environnement. 

Arraya : Vous avez invité le Chef du Polisario à accepter la proposition d’autonomie et que vous êtes près à l’aider à devenir le premier Président de l’autonomie, alors que d’autres demandent sa poursuite en tant que criminel de guerre, eu égard aux accusation lancées contre lui de la part d’anciens prisonniers de guerre marocains et des habitants des camps ?

Khalihenna Ould Errachid : Ecoutez, l’Islam efface ce qui le précède. Et comme la réconciliation est une partie fondamentale de l’Islam, nous ne pouvons mettre en avant les querelles quand nous nous orientons vers la réconciliation. Nous sommes près à aider notre frère Mohamed Abdelaziz, le leader du Polisario, à accéder à la présidence de l’autonomie, de toutes nos forces, notre énergie dans le cadre de la souveraineté marocaine et sous la conduite du Roi Mohammed VI. C’est là l’expression de notre volonté de tourner la page du passé et ouvrir une nouvelle page.

Arraya : Quand vous parlez de l’éventualité de désignation du chef du Polisario, comment cela se réalisera-t-il, à travers les élection ou la désignation ?

Khalihenna Ould Errachid : Non, à travers les élections. Nous pouvons le soutenir dans le sens d’obtenir le pouvoir de la Présidence de l’autonomie. C’est l’expression de notre souhait de réconciliation

Arraya : On a évoqué votre désir de rencontrer le Président algérien Abdelaziz Bouteflika. Où en sont les préparatifs à ce propos ?

Khalihenna Ould Errachid : Au début nous avons appris que le Président Bouteflika effectuait des examens médicaux. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement et une bonne santé. Pour répondre à votre question, effectivement, j’ai demandé la permission de Sa Majesté le Roi pour discuter avec le Président Bouteflika et le gouvernement et l’Etat algérien. Car nous voulons leur dire directement, que nous sommes d’authentiques sahraouis, que la majorité des Sahraouis qui vivent sous souveraineté marocaine considèrent que l’autonomie est le seul moyen pour réaliser la réconciliation que l’autonomie nous suffit. L’Afrique a suffisamment de problème et de crises.

Les pays pauvres fondés sur des bases tribales n’ont pas obtenu de succès. La Somalie, l’Etat arabe et africain, frère, son principal problème réside dans le désaccord des tribus qui le composent. Regardez ce qui se passe aujourd’hui au Darfour, à l’ouest du Soudan, où les tribus s’entre-égorgent.

Ainsi, ce n’est pas possible de fonder une petite entité sur des bases tribales au Sahara, car elle deviendra, elle deviendra une zone de tension qui apportera des catastrophes au Maghreb arabe, à l’Afrique et même au monde, puisque la région est a quelques encablures des pays qui préservent la paix, l’Union européenne et les Etats Unies. C’est pour cela que nous devons éviter tout ce qui peut mener à l’agitation. C’est aussi, pour cela que l’autonomie est le projet idéal pour le Sahara, car il satisfait les habitants, empêche l’instabilité et la non paix et contribue d’autre part à renforcer la fraternité entre les Etats du Maghreb arabe. Surtout que les habitants de la région sont liés au Maroc, à la Mauritanie et à l’Algérie humainement, familialement et géographiquement.

Arraya : Quelle est la raison de l’ajournement de la présentation par le Maroc de la proposition d’autonomie dont la présentation au Conseil de Sécurité était prévue pour le mois d’avril dernier ?

Khalihenna Ould Errachid : Il n’était pas possible de présenter la proposition marocaine au Conseil de Sécurité pendant le mois d’avril, car le Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes a été mis en place tout récemment. Nous n’avions donc pas encore eu les consultations avec le Palais Royal à propos de la forme de l’autonomie de la région. Quand ces consultations seront terminées, à ce moment là le Maroc pourra présenter un projet globale et bien étudié.

Arraya : En attendant cela, avez-vous entamé le contact avec les tribus sahraouies aussi bien au Maroc qu’à l’extérieure ?

Khalihenna Ould Errachid : Assurément. Depuis le 25 mars dernier, nous avons commencé nos contacts à l’intérieure et à l’extérieure pour expliquer ce pas historique. Et c’est un pas jamais entrepris au Maroc, qui aboutira à la réconciliation historique et nous avons expliqué la proposition aux citoyens et aux médias. Et conformément aux premières constatations, la majorité des Sahraouis sont satisfait de ce projet.

Arraya : Enfin, M. Ould Errachid, quelle lecture faites-vous de la fin du conflit, surtout après le rapport d’Annan qui considère que le conflit n’est pas sur l’agenda international pour divers considérations dont la plus apparente est que la plupart des Etats tiennent à leurs relations avec le Maroc et avec l’Algérie ?

Khalihenna Ould Errachid : Cette conclusion montre qu’il n y a d’autre solution que celle du compromis fondé sur l’autonomie. La guerre n’a pas donné de résultat. Le referendum basé sur l’identification est impossible. Il ne reste donc que le choix du compromis et l’acceptation de la proposition d’autonomie, sauf si on veut faire durer ce conflit par absurdité.

Source: Corcas
-Actualité concernant la question du Sahara occidental/Corcas -

 

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