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vendredi 3 mai 2024
 
 
 
Presse Ecrite

L'"écrasante majorité" des populations séquestrées dans les camps de Tindouf soutient l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara et, dans l'ensemble, les Sahraouis sont déçus par les promesses non tenues du Polisario, a affirmé le président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), M. Khalihenna Ould Errachid.



Dans un entretien publié dimanche par le journal qatari "Al Watan", M. Ould Errachid a souligné que les Sahraouis, "y compris l'écrasante majorité des habitants des camps de Tindouf, soutiennent l'autonomie et n'appuient pas le Polisario, car ils sont déçus par l'instabilité et les promesses qui ne se concrétisent pas".

"Ils veulent vivre dans la quiétude et jouir de la vie en paix. Aussi appuient-ils fortement l'autonomie et demandent au Polisario (...) d'entrer dans des négociations qui déboucheront en définitive sur l'autonomie", a affirmé le président du CORCAS.

Le statut d'autonomie, a-t-il expliqué, leur permettra de jouir des droits qu'il stipule et qu'il traduit dans "d'importantes attributions dans les domaines politique, économique, social et juridique".

M. Ould Errachid a, par ailleurs, souligné que le CORCAS a "accompli un travail formidable sur les questions dont SM le Roi Mohammed VI l'a chargées durant les quatre dernières années".

Grâce à ce travail, "nous sommes parvenus à changer la vision de la Communauté internationale vis-à-vis de la représentation des Sahraouis, puisque il n'est plus de mise d'entendre que le Polisario est le représentant unique et légitime des habitants du Sahara", a notamment expliqué le président du CORCAS.

Il a également fait part des "grands efforts" déployés dans la promotion du développement socio-économique dans divers secteurs dans la région.

Quant aux perspectives de règlement de la question du Sahara, M. Ould Errachid a souligné qu'il s'agit maintenant d'aller dans le sens de la "solution consensuelle" prônée par les Nations unies et qui se retrouve dans "le projet d'autonomie accepté internationalement".

"Cette solution, a expliqué le président du CORCAS, permet au Maroc de préserver son unité et intégrité territoriale, tout en accordant aux Sahraouis les attributions liées à la gestion de leurs affaires locales, notamment aux plans économique, social et culturel.

Dans ce qui suit le texte intégral de l’entretien :


Question : Entre la première rencontre que nous avons eue, il y a deux ans et la présente rencontre, il y a eu beaucoup d’évolutions, dont principalement les critiques royales publiques et directes adressées au Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes (Corcas), au mois de novembre dernier…Comment avez-vous reçu ces critiques, et croyez-vous que le temps est arrivé pour changer votre action eu égard à la non satisfaction du Palais de l’action du Corcas ?

(Il reste silencieux un moment, avec l’expression de la surprise sur le visage, puis il répond)

M. Khalihenna Ould Errachid : C’est une question surprenante, très surprenante…..Et c’est plus surprenant encore que vous entamiez votre propos en la posant….Ce que vous avez dit n’est pas exacte. Et je ne sais pas où vous avez trouvé ces critiques…

Question : Dans le discours royale à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte, en novembre dernier ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Du tout ce sont des interprétations

Question : J’étais présent au Maroc pendant cette période et j’ai lu le discours dans toute la presse

M. Khalihenna Ould Errachid : Alors vous me demandez comment les médias ont commenté le discours…Cela nous fait entrer dans la rubrique des interprétations et comme nous sommes un conseil Royal, nous ne parlons pas des interprétations.

Question : Vous n’avez donc ressentit aucunes remarques dans le discours royal ou des critiques de la part du Roi sur votre action ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Pas du tout, mais je voudrais vous demander avez-vous lu le discours ?

Question : J’ai lu le texte du discours tel qu’il a été publié par la presse marocaine

M. Khalihenna Ould Errachid : Je vous dis que vous n’aurez pas du lire la presse, mais directement le discours….C’est à dire que vous lisiez les propres mots du Roi et non l’interprétation des mots du Roi.

La presse au Maroc est libre…Elle dit et attribue ce qu’elle veut et parfois elle dit en se référant au Roi, ce qu’elle veut….Ce que SM le Roi a dit est qu’à la fin du mandat du Conseil, il le restructurera et il n’a pas dit autre chose. Mais apparemment vous avez lu ce qu’a dit la presse, le considérant comme étant le sens du discours.

Question : Mais la presse est le miroir de toute société, et quand vous l’accusez d’interpréter, cela veut dire que vous portez une critique à la liberté de la presse et que la presse marocaine ne dit pas la vérité dans ce qu’elle expose ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai seulement dit que nous ne devons porter de jugement qu’à partir de ce qu’a dit SM le Roi. C'est-à-dire que nous ne pouvons porter de jugement à partir de ce que vous avez interprété ou ont interprété les autres.

Question : Très bien, quelles sont vos prévisions pour la restructuration du Conseil à la fin de législature ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Nous n’avons pas de prévisions. C’est un sujet exclusif de SM le Roi. Il n’y a personne qui peut vous répondre à ce sujet. C’est pour cela que j’espérais que vous ne commenciez pas par cette question, qui est en suspens.

Question : Peut-être parce que c’est une question franche et directe ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, pas parce que c’est une question directe. Mais parce que c’est une question qui ne peut avoir de réponse que de la part de la personne concernée, qui est SM le Roi. Cette question vous ne pouvez la poser qu’à SM le Roi, car il est le seul qui possède la réponse.

Question : Généralement, et en attendant la réponse, permettez que je vous interroge sur l’actuel processus qui prévaut pour le Conseil, fondé sur la nomination. Croyez-vous que si la restructuration est faite, le Conseil sera formé à travers une élection ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, ce sont là des hypothèses aux quelles je ne répondrais pas.

Question : C'est-à-dire que vous ne disposez pas d’une vision future du Conseil ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ces conceptions existent chez SM le Roi. Ecoutez moi bien, je suis sincère dans ce que je vous dis et je ne veux pas vous donner des réponses fondées sur des hypothèses éloignées de la vérité. Sur cette base là, je vous dis que SM le Roi Mohammed VI, est le seul qui sait ce qu’il va faire au niveau du Conseil Royal et personne d’autre.

Question : Mais puisque nous approchons de la fin du mandat du Conseil « le mandat est arrivé à terme officiellement le 25-3-2010 »….

M. Khalihenna Ould Errachid : Allahou Akbar

Question: Allahou Akbar Ou La Illaha Illa Allah… Mais êtes-vous satisfait de l’action du Conseil pendant la période précédente?

M. Khalihenna Ould Errachid : Bien sur, comment ne pas l’être ? Le Conseil a effectué pendant les quatre années passées un travail gigantesque dans tous les plans dont nous a chargé SM le Roi. Parler de ce sujet fait parti de mes compétences et je peux vous répondre à tout ce que vous voudriez savoir à ce propos.

Le Conseil a changé les choses de manière importante et il exprimait la politique adopté par SM le Roi, pour changer la politique du Maroc à propos du problème du Sahara. C’est pour cela que nous avons préparé le projet d’autonomie qui a été validé par SM le Roi et qui est devenu l’initiative marocaine d’autonomie.

Nous avons défendu ce projet au Conseil de sécurité et dans les instances internationales et nous avons changé la conception de la communauté internationale envers la représentation des Sahraouis, de manière que l’expression du Polisario représentant légitime et unique des habitants du Sahara n’est plus répandue.

Nous avons fait un travail gigantesque en ce qui concerne les questions du développement social et économique, pendant les années passées, dans tous les domaines que nous avons étudié et dans les quels nous avons adopté des politiques réussies. Bien entendu, tout travail humain reste imparfait, et nous ne pouvons pas dire que nous avons réussit à 100%, car le réussite à ce point là signifierait la solution du problème du Sahara.

Mais nous avons fait évoluer les choses vers ce qui est plus positif. Nous avons aussi, fait entrer ce affaire dans un processus pacifique de dialogue sous l’égide des Nations Unies pour trouver une solution pacifique et les négociations sont en court comme vous le savez.

Question : Avez-vous atteint des résultats positifs à travers les précédents rounds de négociation ?

M. Khalihenna Ould Errachid : La négociation en elle-même est une opération positive. Il reste la question : la vitesse à laquelle sont menées les négociations est-elle suffisante ? La réponse est : pas encore. Mais les adversaires dialoguent, se sert la main et discutent. Et ceci est en soit un travail immense car nous sommes au début de la voie.

Question : Si nous revenons à la référence du discours royal, nous verrons qu’il comprend des critiques vis-à-vis des séparatistes de l’intérieur, comment voyez-vous cette tendance qui se trouve sur le territoire marocain et qui recoupe vos positions ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Je ne les appelle pas les séparatistes de l’intérieur. Je préfère les qualifier de sympathisants du front Polisario.

Ce sont des personnes dans le nombre est réduit et ils agissent dans le cadre de la liberté d’expression et d’opinion et ils ne gênent aucunement le Maroc, sauf ceux qui dépassent les lignes rouges et coopèrent avec les services de renseignement algériens pour entreprendre des actes terroristes au Maroc.

Les autres ne constituent aucun type de menace pour l’intégrité et la souveraineté marocaine, car ils sont très peu nombreux et ne représentent qu’une petite minorité des fils du Sahara.

Question : Mais prenons l’affaire de la séparatiste Aminatou Haider qui a jaillit à la surface dernièrement et a occupé l’opinion publique à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc….N’a-t-elle pas constitué un genre de gêne et d’embarras pour le Maroc ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non du tout…Aminetou Haider à porté atteinte à la loi et est revenue dans sa région.

Question : Mais certain considère qu’elle a obtenu des acquis de propagande et médiatique pour sa cause ?

M. Khalihenna Ould Errachid : C’est le Maroc qui l’a ramené

Question : Mais à la fin, elle a obtenu un acquis ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non….Elle n’a obtenu aucun acquis, car elle n’est pas revenue avec un passeport du Polisario, mais avec un passeport marocain. Alors l’affaire n’a pas changé.

Le sujet est qu’Aminetu Haider et d’autres doivent savoir que le Sahara est soumis aux lois marocaines et que celui qui veut avoir un avis différent de la position marocaine doit se soumettre aux lois marocaines….

Et Aminetou Haider, comme vous le savez a accepté de revenir sous le parapluie de ces lois. Dans ce cas, le Maroc n’est aucunement gêné pour la ramener. Il l’a fait avec un passeport et des documents marocains.

C’est donc une marocaine qui a un avis opposé et différent de la loi, puisqu’elle est en fin de compte marocaine, car elle a la nationalité marocaine et un passeport marocain. Aminetou Haider n’est pas la seule qui a porté atteinte aux lois dans l’histoire du Maroc.

Et malgré le tapage médiatique qui a entouré l’affaire d’Aminetu Haider, les citoyens habitants au Sahara n’ont pas sympathisé avec ses positions. Ce sont quelques organisations des droits de l’homme, le front Polisario et l’Algérie qui ont sympathisé avec elle. Au Sahara il n’y a pas eu de manifestations à Laâyoune, ni à Dakhla, ni à Smara en faveur d’Aminatou Haider.

Question : ….Excusez moi, mais comment mesurez-vous les orientations de l’opinion publique sahraouie pour parler d’absence de sympathie pour Aminetou Haider ? Le soutien peut exister sans manifestations publiques ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Je suis Président du Conseil Royal est je sais cela….Les Sahraouis soutiennent l’autonomie et ne soutiennent pas le front Polisario  et ils ne le soutiennent pas à ce sujet, y compris la majorité écrasante des habitants des camps de Tindouf.

Les Sahraouis sont excédés par la situation d’instabilité et par les promesses qui ne se réalisent pas. Ils veulent vivre dans la sérénité et la paix, comme ils veulent profiter de leur vie.

C’est pour cela qu’ils soutiennent l’autonomie avec force et exigent du Polisario, qui est une partie des nôtres, d’entrer dans des négociations qui aboutissent à la fin à l’autonomie, pour bénéficier des droits instaurés par l’autonomie et ce sont des droits d’une grande valeur dans tous les domaines, politique, économique, social et légale.

Question : Monsieur le Président, vous avez qualifié dans votre propos l’autonomie de solution idéale à l’affaire du Sahara. Comment voyez-vous la réalisation de cette solution dans la réalité face à l’intransigeance de l’autre partie ?

M. Khalihenna Ould Errachid : L’affaire du Sahara n’est pas la seul affaire dont la solution pose des difficultés depuis trop longtemps.

Le problème de l’Irlande du nord a duré plus de 40 ans, et à la fin les protestants et les Catholiques sont arrivés à une solution. L’affaire de la Palestine, malgré sa complexité, est sur la voie de sa solution. Il y a aussi l’affaire de Chypre qui dure depuis un certain temps.

Alors il est obligatoire qu’un jour ou l’autre nous arrivions à une solution dans l’affaire du Sahara, car nous en fin du compte arrivé à une moitié de la solution….

Question : La moitié de la solution du côté du Maroc, mais qu’en est-il pour l’autre partie ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, non….La moitié de solution, car l’adversaire a expérimenté toutes les autres possibilités pour arriver à une solution en gagnant et il a échoué en cela. Le front Polisario a essayé la guerre et a échoué. Il a tenté le referendum et a échoué, car le referendum est impossible au Sahara pour des raisons que j’ai déjà expliquées auparavant.

Nous cherchons maintenant une solution que les Nations Unies ont qualifiée de solution consensuelle, c'est-à-dire que chaque partie abandonne le plafond de ses revendications pour atteindre une ligne médiane qui permet à chaque partie de dire qu’elle a réalisé quelque chose.

Et c’est cette solution qui est l’objet d’accord international qui est appelé projet d’autonomie et appelez le comme vous voulez. Vous pouvez dire que cette solution est fondée sur l’octroi par le Maroc à de très larges compétences au Sahara et vous pouvez dire aussi, que cette solution consiste en la fait de faire entrer le Polisario dans l’opération de gestion du Sahara.

En fin de compte, cette solution permet au Maroc de préserver son intégrité et sa souveraineté territoriale sans contestataire et accorde aux Sahraouis toutes les compétences concernant la gestion politique, économique, social et culturelle de leur région d’une manière qui leur garantie leurs droits sur le long terme.

Nous avons atteint la concession sur deux point : la guerre est terminé sans retour et le referendum est devenu impossible, tel que l’a affirmé l’ancien Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Van Walsum et tel que le confirme les faits sur le terrain. Nous sommes donc maintenant dans le cadre du débat sur la manière d’atteindre la solution consensuelle.

Nos frères au front Polisario et en Algérie sont encore hésitant sur la négociation véritable, car ils souhaitent de ne pas arriver à ce sujet, mais il n’y a pas d’autre solution.

Question : L’autonomie du point de vue de la vision marocaine, est ce que…..

M. Khalihenna Ould Errachid : ….Non, non, pas du point de vue de la vision marocaine, mais de la vision qui fait l’objet d’accord international et selon les critères internationaux. L’autonomie n’est pas une vision marocaine.

Question : Mais c’est une initiative marocaine ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Mais l’autonomie est l’une des sorties pratiquées sur le plan international pour résoudre les conflits. Les Américains quand ils ont occupé l’Irak, par exemple, ont imposé l’autonomie des Kurdes d’Irak.

Mais les Kurdes n’ont pas pris leur indépendance, mais sont soumis à la souveraineté de l’Irak. Cette autonomie existant en Irak, c’est ce que cherche les Turcs de Chypre et c’est celui qui a fait l’objet d’un accord en Irlande du nord, c’est celui qui a court en Espagne, c’est celui qui existe au Cachemire et dans d’autres lieux.

Le Maroc a proposé cette solution conforme aux critères internationaux pour faire évoluer le conflit. Le Maroc a donc offert une grande concession pour aider la communauté internationale, aider les deux mondes arabe et islamique, et le continent africain dans la solution de l’affaire du Sahara.

Question: Parmi les Etats concernés par le conflit du Sahara quels sont les Etats qui ont adopté la cause de l’autonomie ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Tous les Etats arabes, à l’exception de l’Algérie soutiennent le Maroc. Même la Libye sur la position de la quelle il y avait des doutes, a confirmé cette position dans une lettre officielle à SM le Roi. Le monde islamique aussi, ainsi que l’Organisation de la Conférence islamique. Et le continent africain à l’exception de 12 Etats, soutient la position du Maroc.

En plus de cela, il y a des Etats qui sont revenus sur leur reconnaissance du front Polisario et soutiennent maintenant la thèse du Maroc concernant l’autonomie.

L’Union européenne avec laquelle nous avons établit une relation de statut spécial, dont aucun des pays du pourtour méditerranéen ne bénéficie, nous soutient aussi. Le Maroc bénéficie de la situation de statut avancé auprès de l’Union européenne.

Savez-vous ce qu’est le statut avancé ? Cela signifie que nous devons nous conformer aux critères européens pour mesurer toutes les politiques, y compris la politique économique, législative, sociale, extérieure, sécuritaire et stratégique et la lutte contre le terrorisme, l’émigration et le crime.

Et sur cette base, les Européens soutiennent le fait que les parties arrivent à une solution consensuelle. Et certains qui ne veulent pas utiliser le concept d’autonomie, parlent de "solution consensuelle". Mais c’est le même objectif, surtout pour ceux veulent être plus souple avec l’Algérie.

De même, les Etats-Unis d’Amérique soutiennent l’autonomie. Le Maroc dispose d’une lettre officielle de l’ancien Président américain Georges Bush, dans laquelle il dit à SM le Roi que les Etats-Unis soutient une solution fondée sur l’autonomie sous la souveraineté marocaine. Cela s’applique à la Chine et d’autres pays puissants dans le monde.

Question : Alors sur quoi compte l’Algérie dans sa position intransigeante et qui s’attache à soutenir le Polisario ?

M. Khalihenna Ould Errachid : L’Algérie se base sur sa situation interne compliquée et particulière. Et moi, je m’interroge là : sur quoi se base l’Algérie dans sa décision de fermer les frontières avec le Maroc ? Y a-t-il quelque chose qui nous permet de comprendre de manière rationnelle  ce qui se passe ? Comment deux Etats voisins peuvent-ils avoir leurs frontières fermées ? Si vous trouvez une réponse à cette question, vous trouverez une réponse à votre question sur la manière avec laquelle l’Algérie gère le problème du Sahara.  

L’Algérie est un pays géré de manière non transparente. Et le régime contrôle la politique de manière dont nous ne connaissons pas les fils.

Nous ne comprenons ni comment cela débute, ni où cela va aboutir….C’est à cause de cela que l’Algérie se contredit dans l’affaire du Sahara, car elle dit d’une part qu’elle n’est pas concernée par l’affaire du Sahara et qu’elle n’a aucun intérêt dans ce dossier. Mais de l’autre, c’est elle qui s’occupe du conflit du Sahara, car elle abrite le Polisario, le finance et l’arme. Et sans aucun doute, quand l’Algérie arrêtera cette aide, le Polisario peut s’arrêter.

Question : Pariez-vous sur le fait que le changement en Algérie peut aboutir au changement de la situation sur le terrain ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Evidemment, pourquoi pas ? L’Algérie a changé dans le passé, quand elle se réfugiait dans la guerre t maintenant….

Question : ….Nous parlons d’un changement interne….

M. Khalihenna Ould Errachid : Je n’en sais rien. Cela pourrait arriver. Il y a en islam le concept e de Hidaya, la grâce qui permet au déviant de retrouver le droit chemin, car seuls les mécréants désespèrent de la miséricorde divine.

Question : C’est un sujet politique et non religieux pour que sa solution soit la grâce.

M. Khalihenna Ould Errachid : la grâce peut être évoquée en politique. Et ce serait dans ce cas là, le fait que l’Algérie permette au Polisario de négocier sérieusement avec nous et que l’intérêt de l’Algérie soit dans la mise en place de relation avec le Maroc, plus que dans le maintien du conflit, et nous avons, en permanence, espoir qu’il y ait un changement, de la part de l’Algérie.

Question: Vous avez dit que l’Algérie est un Etat non transparent. Cela ne signifie-t-il pas qu’il n’y a aucun espoir d’arriver à une solution dans les conditions actuelles ?

M. Khalihenna Ould Errachid : L’Algérie n’est pas un Etat transparent. Prenez l’Union soviétique par exemple. Peu de gens croyaient qu’elle allait s’effondrer. De même personne ne s’attendait à ce que la Chine se transforme en pays capitaliste. Sur cette base, il est possible que l’Algérie puisse se transformer dans les délais prévisibles, en Etat qui fait passer les intérêts du Maghreb avant l’affaire du Sahara.

Et il se peut que ce soit l’inverse qui ait lieu. Car, tel que je l’ai dit, ce sont les parties participant à la prise de décision en Algérie, qui influencent sur la solution du problème du Sahara.

Question : Puisque vous parlez de la manière dont est prise la décision en Algérie, permettez que je vous interroge, en toute transparence et franchise, sur le mode de prise de décision au sein du Corcas, dans laquelle beaucoup constate un certain centralisme, eu égard au fait que vous monopolisez les compétences et l’autorité à l’intérieure du Conseil en marginalisant le rôle des autres membres ? 

M. Khalihenna Ould Errachid : J’ai déjà répondu à ces propos à travers la presse marocaine. Mais, laissez moi vous dire une chose. Le Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes est un conseil royal. Ce n’est ni une municipalité, ni un parlement, ni un établissement administratif…..

Question : …Pardon, nous savons que c’est un conseil royal, mais son président n’a pas le droit de se comporter comme un Roi…

M. Khalihenna Ould Errachid : Il n’y a pas de monopole de la décision au Conseil Royal…ce sont des supputations. Le Conseil Royal est géré dans le cadre du Dahir royal fondateur du Conseil. Ce dahir clarifie les choses de manière qui ne laisse place à aucun doute. Le problème est qu’un nombre très limité des membres du Conseil veulent qu’il ait une autre mission que celle dans il est chargé.

Question : Mais, son nom est le Conseil Consultatif ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Oui…à SM le Roi, et non consultatif auprès d’autres parties.

Question : Mais, la prise de décision doit elle aussi se faire de manière concertée ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ecoutez…nous faisons cela…mais, je vais vous expliciter cela. Le Conseil est soumis directement à SM le Roi. Il a deux session ordinaires par an. Et si cela est nécessaire, il peut y avoir des sessions extraordinaires si SM le Roi donne son accord pour cela.

L’ordre du jour est préparé par le Président. Et il ne peut devenir applicable que si SM le Roi valide personnellement. Savez-vous ce que signifie la validation ? Elle signifie que vous soyez d’accord sur les points intégrés à l’ordre du jour.

Et ces points sont exposés à l’Assemblée générale et à l’Assemblée générale, les 141 membres discutent tous ce qui est présenté, ceci uniquement dans le cadre de la session ordinaire. Ensuite nous nous mettons d’accord et nous votons sur ces points.

Et, il n’y a pas eu une seule session, y compris celle qui a été tenue pour discuter la question de l’autonomie, où on n’a pas effectué un vote à la fin de l’assemblée…Des recommandations sont soumises, ensuite à SM le Roi et ne deviennent applicables que si elles sont validées par SM le Roi.

Cela n’est pas un conseil ordinaire dont les membres peuvent décider par eux même de la définition des points de l’ordre du jour ou prendre des recommandations, sans qu’elles soient insérées dans l’ordre du jour.

Question : Est-ce à dire que les orientations viennent du Palais Royale ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, non…..les orientations ne viennent pas du Palais. Prenez, par exemple, il y a un règlement intérieur qui précise le mode d’intervention des partis et la façon de mettre en forme l’ordre du jour.

Ce que je veux dire, est que chaque institution est administrée selon des lois et le dahir organisateur du Conseil dit que, le porte parole officielle au nom du Conseil est le Président. Aucun autre membre du Conseil ne peut parler au nom du Conseil.

Question : Les règlements au sein de votre conseil, spécifient-t-ils cela ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Bien sur….Ajoutez à cela le fait qu’il n’y a aucun problème dans un conseil composé de 141 membres de tous les partis politiques, qui représentent les hommes d’affaires, les jeunes, les femmes les Chioukhs traditionnels et les anciens détenus. .

C’est là un groupe de personnes aux points de vues différents. Mais le travail qu’effectue le Conseil ne fais l’objet d’aucun différent car il concerne le Sahara. Et quand nous étudions nos  affaires, nous le faisons de manière professionnelle et organisée et nous ne pouvons pas étudier des affaires non compris dans l’ordre du jour.

Et en plus des membres que j’ai cité, le ministre des Affaires étrangères est membre du Conseil. C’est le cas aussi du ministre de l’intérieur et de tous les gouverneurs des provinces du sud.

Le Conseil est donc géré de manière particulière et il y a un nombre réduit de membres qui n’atteint même pas 5% qui veulent interpréter les lois d’une autre manière, pour que le conseil ait des initiatives et décide d’un ordre du jour qui lui est propre.

Ce ci n’est pas possible, car les missions du Conseil se limitent à aider SM le Roi dans la préservation de l’unité nationale et l’intégrité territoriale ainsi que la réalisation du développement économique et social, ainsi que la défense de l’autonomie.

Et je ne permettrai à quiconque à sortir de l’esprit et la lettre du règlement du Conseil.

Question : Mais à travers les titres que vous avez évoqué, la démarche pour traduire l’intégrité territoriale et autre, peut varier d’un membre à l’autre ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, vous si vous êtes membre du Conseil, vous devez étudier les points prévus dans l’ordre du jour.

Question : Et vous, vous concevez ces points?

M. Khalihenna Ould Errachid : Le Conseil de sécurité par exemple, ne peut étudier aucun dossier qui n’est programmé dans l’ordre du jour. Et si le Qatar était membre du Conseil de sécurité, et il l’a effectivement été, il n’aurait pas pu dire je veux intégrer tel point à l’ordre du jour. Ceci est impossible.

Question : Qu’en est-il si c’est un groupe de membres qui présente une proposition ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Cela ne peut pas avoir lieu. Le Président conçoit l’ordre du jour et SM le Roi le valide. Et les questions programmées sont soit politiques ou financières….Les affaires politiques font partie des question de souveraineté dépendant de SM le Roi.

Question : Excusez moi, cela signifie que le rôle des membres se limite à l’approbation de l’ordre du jour uniquement ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Non, non…..Par exemple, quand nous avons programmé pendant les deux session extraordinaires la question de l’autonomie, aucun citoyen, ni parlement ne pouvait discuter la question de l’autonomie sans en avoir la charge.

Et SM le Roi nous en a chargé, puisque le Souverain a validé le fait que ce thème fasse parti de l’ordre du jour. SM le Roi autorise donc, les membres du Conseil à discuter ce point qui est une question politique de souveraineté, qui relève des compétences propre de SM le Roi. Et nous l’avons discuté dans ce cadre.

Dans ce cadre, je dois clarifier ce qui suit. Toutes nos discussions se tiennent à huis clos. Et personne ne peut y assister, pas plus qu’elles ne peuvent être publiques. Et moi en tant que Président, j’exige des membres qu’ils interviennent pour donner leurs points de vue dans le cadre des points programmés à l’ordre du jour.

Question : Nous en tant qu’observateurs externes nous entendons parler de l’autonomie comme initiative pour la solution, mais elle n’a pas été appliquée jusqu’à présent. Quand l’initiative sera-t-elle appliquée sur le terrain ?

M. Khalihenna Ould Errachid : C’est un autre sujet. Il était nécessaire que l’autonomie soit consignée par écrit, car il n’est pas facile de préparer l’autonomie qui est considérée comme étant l’une des question fondamentale de l’Etat.

Il y a beaucoup de choses qu’il faut préciser. Par exemple : quelles sont les compétences qu’il faut donner à la région et celle qui sont conservées par l’Etat ? Comment sera la relation entre les pouvoirs dans le domaine politique, économique, social, de la justice et autre.

Nous sommes parvenu à un consensus à propos de ces choses là et SM le Roi a validé toutes les propositions du Conseil en la matière et le Conseil de sécurité les a qualifié de sérieuse et crédibles.

Question : Etant concerné par le sujet de l’autonomie, vous attendez-vous à sa traduction sur le terrain à cours terme ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Je vais vous ramener au discours que SM le Roi a prononcé le 3 janvier dernier et dans lequel, il a dit que le Maroc ne restera pas les mains liées en attendant que l’Algérie et le front Polisario soient d’accord sur l’autonomie.

Question : N’est-il pas possible de l’appliquer sur décision marocaine en dehors de l’accord des autres ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Cela est possible, mais elle est actuellement soumise à la négociation comme solution définitive et nous devons donner le temps suffisant à l’autre partie pour réfléchir et bien analyser.

Question : Avez-vous pris en ligne de compte qu’il y ait un rôle influent et efficace pour le front Polisario dans le projet d’autonomie au cas où il l’aurait accepté ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Bien sur, il peut gérer l’autonomie et ses leaders peuvent passer de la gestion des camps de Tindouf à la gestion de l’autonomie.

Question : Qu’en est-il de l’application du système de régionalisation ?

M. Khalihenna Ould Errachid : C’est ce dont je parlais. SM le Roi a dit qu’il n’est pas possible d’attendre très longtemps que le front Polisario approuve ce sujet. Avant cela, nous appliquerons une large régionalisation. Et il y a maintenant une commission qui étudie ce dossier.

On peut dire que la régionalisation large est l’étape de préparation de l’autonomie, car elle va aller loin dans l’octroi des compétences.

Question : Bien, en votre qualité de Président et d’homme fort au sein du Conseil, ne craignez-vous pas que la nouvelle structuration change les compétences du Conseil et ses prérogatives, ou qu’un autre staff vienne le gérer ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Bien sur que le Conseil est un conseil Royal et il est à la disposition de SM le Roi et le Souverain peut en faire ce qu’il veut. Sa Majesté peut le changer de fond en combles, changer ses membres. Tout dépend de SM le Roi.

Question : Prenez-vous en considération le fait qu’un nouveau conflit armé peut se déclancher sur l’affaire du Sahara, si la situation de gèle continue entre vous et l’Algérie et le Polisario pendant une longue période ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Les conséquences du problème du Sahara intéressent maintenant tout le monde en particulier le continent africain. Il y a des conséquences qui concernent le terrorisme, l’absence de maîtrise de grandes régions qui séparent l’Afrique au sud du Sahara et le nord du continent. Et ceci est apparent dans la région que l’on peut qualifier de grise qui s’étend au nord de la Mauritanie, au sud de l’Algérie et au nord du Mali et du Niger.

C’est une zone grise dans la quelle se trouve des organisations terroristes, qui n’est soumise aux lois et où aucun Etat n’impose sa souveraineté. C’est pour cela qu’un nouveau Afghanistan peut très prochainement apparaître dans une région proche des régions sensibles.

Ceci est l’une des plus apparentes des conséquences de la non résolution de l’affaire du Sahara, car cette région est resté trop longtemps fermée ce qui a permis l’apparition de ces organisations. Et si nous ne solutions pas l’affaire du Sahara dans les délais convenables ces menaces peuvent s’amplifier et influer sur la stabilité du continent africain.

De même que l’absence de solution du problème du Sahara peut susciter des conflits tribaux, un phénomène qui est flagrant en Somalie, au Soudan, ai Nigeria et en Centre Afrique.

Question : L’Algérie a organisé dernièrement un congrès sur la lutte contre le terrorisme et elle n’y a pas invité le Maroc, malgré le fait que c’est un pays influent dans la région. Quel commentaire faites vous sur cela ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Tout congrès en Afrique au quel ne participe pas le Maroc ne réussira pas. Le Maroc est un pays fondamental en Afrique. Il est fondateur de l’Organisation de l’Unité Africaine. C’est un pays qui a aidé toutes les organisation de libération en Afrique. Le Maroc malgré le fait que c’est un Royaume été, de tout temps, un pays progressiste. Le Roi Mohamed V soutenait Mandela et toutes les organisations qui ont libéré le continent africain et le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme, a marché sur ses traces.

Le Maroc a toujours été dans l’avant-garde des pays progressistes du continent africain et de notre monde arabe et rien ne peut réussir sur ce continent sans la présence du Maroc.

Il est risible que l’organisation continentale soit sans le Maroc, alors que le front Polisario participe à cette organisation.

Le Maroc a des relations étendues avec les Etats de manière bilatérale. J’étais membre de la délégation qui a négocié en 2007, l’instauration du plan concernant la négociation sur l’autonomie et l’Afrique du sud était membre du Conseil de sécurité. Et l’Afrique du sud s’est rendu compte qu’elle était un Etat qui ne comprenait rien au Maroc ni son histoire.

Elle s’est retrouvée isolé toute seul, parmi les 15 membres du Conseil de sécurité. Tous les pays y compris les membres permanents ont voté en faveur de la résolution 1754, qui a approuvé la nouvelle méthode du Conseil de sécurité concernant la négociation. Et l’Afrique du sud est resté isolée et a été obligé en fin de compte de voter positivement cette résolution, car elle s’est rendue compte que le Maroc avait des relations étroites avec les grandes puissances et que le Maroc avait un grand poids et n’est pas un pays ordinaire, comme les autres.

C’est pour cela que rien concernant le terrorisme, l’économie, la politique, la sécurité ou la culture et même pas sur la cuisine, ne peut réussir sauf si le Maroc est une partie fondamentale sur le continent africain et de notre monde arabe et islamique. Et ceci n’est ni une exagération, ni une flatterie, c’est une réalité historique depuis 1200 ans. C'est-à-dire depuis la fondation par Moulay Driss de l’Etat marocain dans cette partie occidentale du monde islamique.

Question : Christopher Ross, l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara a effectué dernièrement une visite au Maroc pour s’entretenir sur le lancement d’un nouveau round de négociation. Estimez-vous qu’il y ait des indicateurs positifs qui contribueraient au succès du nouveau round de négociation ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ecoutez, nous sommes ceux qui invitent toujours à la réconciliation et nous présentons des signes positifs pour tout ce qui est peut permettre le rapprochement des points de vue.

Ahmed Ali

Source : MAP
- Actualité concernant la question du Sahara occidental/Corcas -

 

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