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vendredi 26 avril 2024
 
 
 
Presse Ecrite

Le Président du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes, M. Khalihenna Ould Errachid, a affirmé que "la faiblesse dont souffre le Polisario" constitue une menace pour la sécurité et la stabilité de l’Afrique toute entière.



M. Ould Errachid a déclaré, dans un entretien au journal Canaries 7, que "la région constitue un espace fertile pour les groupes hostiles à la paix, à la démocratie et qui portent atteinte à la sécurité. Il (le Polisario) dispose d’armements en dehors de tout contrôle international, et qui préoccupe la communauté internationale. Ainsi cette situation peut constituer une menace pour l’Afrique toute entière, et c’est pour cela que nous devons arriver à un accord qui met fin au conflit".

M. Ould Errachid a indiqué que l’archipel "sera le premier bénéficiaire de la stabilité" dans la région, non seulement car l’autonomie au Sahara garantie la paix, mais aussi, car les Iles Canaries seront un partenaire commercial qui bénéficie de la priorité. 

Il a considéré que la fin du conflit du Sahara, grâce à l’autonomie sous souveraineté marocaine, aidera aussi à limiter le problème de l’émigration clandestine et ouvrira des perspectives au commerce dans les secteurs de la pêche, le pétrole et le domaine du tourisme.

Il a réaffirmé qu’il n’y a pas d’autres solutions, et les Nations Unies ont reconnu cela clairement dans le dernier rapport du Secrétaire général onusien.

Dans ce qui suit le texte de l’entretien :

"Une autonomie qui distingue la région sahraouie, l’Etat marocain qui conserve les Affaires extérieures, la défense, la monnaie et les secteurs stratégique (l’énergie, la poste, la communication…), mais ce sera quelque chose de nouveau, au point que cela suscitera  une révolution dans tout le Maroc. Le modèle que nous suivront sera espagnol et les Iles Canaries sont le meilleur exemple de ce modèle".

Canarias 7 : Quel sera le plafond de l’autonomie au Sahara ? Sera-t-il fortement lié à Rabat ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ce sera une autonomie qui distingue le Sahara. L’Etat marocain conservera les Affaires étrangères, la Défense, la monnaie et les secteurs stratégiques (l’énergie, la poste, la communication…) mais ce sera quelque chose de nouveau, au point que cela suscitera  une révolution dans tout le Maroc. Le modèle que nous suivrons sera espagnol et les Iles Canaries sont le meilleur exemple de ce modèle

Canarias 7 : Qu’est ce qui renvoi à ce changement révolutionnaire au quel vous faites référence ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Au fait d’impulser la démocratie marocaine et de tous les pays arabes et islamiques.

Canarias 7 : Mais jusqu’à quel point arrivera la décentralisation ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ce sera beaucoup plus large que ne l’ont été les choses jusqu’à présent. Il y aura un véritable gouvernement autonome.
Canarias 7 : Quand est ce que cela deviendra réalité ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Nous rendront cela publique entre les mois de septembre et octobre de cette année, en concomitance avec la tenue de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU et la fin de mission de la Minurso.

Canarias 7 : Qu’en sera-t-il si le Polisario disait non ?

M. Khalihenna Ould Errachid : J’espère réellement que nos frères sahraouis viendront aux négociations pour qu’il aient une sortie honorable.

Canarias 7 : Mais vous allez aux négociations déjà avec une condition préalable

M. Khalihenna Ould Errachid : Quelle condition ?

Canarias 7 : L’autonomie et non l’autodétermination ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Car, il n’y a aucune autre solution politique possible. Les Nations Unies, elles-mêmes, l’avaient annoncé clairement dans leur dernier rapport. Et l’autonomie ne trompe personne.

Canarias 7 : Même pas le Polisario

M. Khalihenna Ould Errachid : Même pas le Polisario. Je ne crois pas qu’il donnera une réponse négative. Notre désir de ramener la paix arrive au point où nous offrons à notre frère Abdelaziz la présidence de l’autonomie en gage de la réconciliation.

Canarias 7 : Abdelaziz n’acceptera pas la souveraineté marocaine

M. Khalihenna Ould Errachid : Son père qui est membre du Corcas me dit quotidiennement qu’il acceptera. Et moi je dois faire confiance au père de Abdelaziz.

Canarias 7 : Et l’autodétermination ?

M. Khalihenna Ould Errachid : L’autodétermination est improbable. Ce qui se rapproche le plus de la légalité internationale est l’autonomie (tel que l’Irlande du nord), surtout si nous voulons clore 30 ans de séparation entre les frères sahraouis. Si le Polisario refuse l’autonomie, ce sera sa fin certaine et le degré de son irresponsabilité sera dangereux. Moi, je les invite à la victoire, je les invite à en finir avec l’exil absolu.

Canarias 7 : Et le referendum ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Une consultation de ce genre est impossible. Le peuple sahraoui vit en Algérie, en Mauritanie, au Maroc et au Mali. Il faut changer les frontières et Abdelaziz connaît la réalité, car c’est un Marocain qui a décidé un jour de se transformer en révolutionnaire. Les jeunes des années 60 faisaient deux choses : Ils voyageaient dans îles où vivaient les Hippies, ou ils imitaient le révolutionnaire Che Guevara. Abdelaziz avait choisit la seconde possibilité, c’était une mode à l’époque.

Canarias 7 : Quels sont les territoires qui seront soumis à l’autonomie ? Les premiers documents élargissent les frontières jusqu’à Tan-Tan ou Goulimim qui n’étaient pas des colonies espagnoles ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Les choses n’ont pas été tranchées à ce propos. Et c’est, de toute façon, encore un sujet en discussion. Nous prendrons la décision avant l’arrivé de l’été. Et nous souhaitons que Abdelaziz présente ses propositions pour signer la décision.

Canarias 7 : Où sera-t-il signé ?

M. Khalihenna Ould Errachid : N’importe où, l’endroit est quelque chose de secondaire.

Canarias 7 : A Tindouf aussi ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Oui, mais avant cela je leur demanderai de donner des garanties pour le respect des droits de l’homme et de la transparence. Je demanderai au front Polisario de me donner les clés des magasins des aides alimentaires du Programme Alimentaire Mondial et qu’il autorise les habitants des camps à distribuer eux même les aides. Je n’ai pas encore appelé au déclenchement de la révolution à Tindouf.

Canarias 7 : Est-ce une menace ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Ce n’est pas une menace, c’est une éventualité. Le monde change, et je ne peux pas présumer des conséquences de l’action de personnes têtues qui ne veulent pas de la démocratie et poursuivent leur repli sur le dogmatisme. Abdelaziz a passé 30 ans au pouvoir sans consulter les urnes. Quand il a été désigné Président, Gerald Ford, Mao et Brejnev étaient encore vivants. Nous avons plusieurs moyens diplomatiques que nous utiliserons, mais je répète que les habitants de Tindouf sont atteints par l’ennui

Canarias 7 : Comment pourrez-vous dépasser le rôle de l’Algérie qui apporte un soutien institutionnel au Polisario ?

M. Khalihenna Ould Errachid : L’Algérie gagnera la fin du conflit et le rassemblement des frères sahraouis. Personne ne met en doute le rôle constructif de l’Algérie. Nous, nous réactualisons notre vision du monde. Aujourd’hui le front Polisario est un groupe de politicien militaires (ce ne sont pas des terroristes), dans une situation de grande faiblesse, qui a échoué dans la réalisation de tous ses objectifs de libération aux pris des souffrances du peuple sahraoui. Il est revenu à l’application du couvre feu dont il n’a pas fait usage depuis 1998. La peur couvre de nouveau les habitants des camps.

Canarias 7 : Combien de personnes vit à Tindouf ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Moins de 50000. Techniquement et humainement, il est impossible d’alimenter quotidiennement en eau des habitants au nombre de 90000 âmes, au cœur du Sahara. 
 
Canarias 7 : Comment le Corcas ou le Maroc compte convaincre les Nations Unies qui conservent encore le dossier de colonisation?

M. Khalihenna Ould Errachid : Les Nations Unies connaissent la situation actuelle au Sahara et comprennent qu’il n’y a pas d’autres sorties. L’Union européenne reconnaît la souveraineté marocaine en renouvelant l’accord de pêche.

Canarias 7 : Et les Etats qui reconnaissent le Polisario ? Il y a 80 Etats jusqu’à présent

M. Khalihenna Ould Errachid : Ce n’est pas vrai

Canarias 7 : Les relations entre le Maroc et l’Espagne passe par une période faste sur des questions d’intérêt commun tel que la lutte contre l’émigration clandestine et le terrorisme. Jusqu’à quel point le Sahara occidental pourra-t-il devenir une menace pour la sécurité internationale ?

M. Khalihenna Ould Errachid : La région est un genre de terreau fertile pour les groupes hostiles et adversaires de la paix et de la démocratie, qui menacent la sécurité. Le Polisario dispose d’armes qui ne sont pas soumis au contrôle. Et c’est ce qui menace la communauté internationale. Cela peut, sans aucun doute, se transformer en une menace pour l’Afrique toute entière. Et c’est une raison qui nous impose de signer un accord qui met fin au conflit.

Canarias 7 : Quelle est la région la plus proche du déclenchement de conflit ?

M. Khalihenna Ould Errachid : A la frontière commune entre l’Algérie, le Mali et la Mauritanie, le plus proche des bases des opérations militaires du Polisario. Pendant les 30 années précédentes, le Polisario a conservé des armes cachées sous le sable, tel que les missiles SAM 7, et le pire c’est qu’ils ne se rappellent plus de certaines de leurs cachettes.

Canarias 7 : Mais vous dites que le front Polisario n’est pas terroriste ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Et je maintien mon affirmation. Mais les terroristes internationaux connaissent la faiblesse actuelle du Polisario. Et nous devons être vigilants.

Canarias 7 : Jusqu’à quel point ce danger qui concerne l’instabilité dans le conflit international contribue-t-il à la menace contre les ressources pétrolières ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Cet aspect aussi s’intègre au débat sur l’avenir de la région. Si nous ne solutions pas le problème du Sahara de manière urgente, la région se transformera en une zone de déstabilisation. Et si nous n’évitons pas cela, nous craignons d’être dans une situation plus mauvaise que celle qui prévaut en Afghanistan.

Canarias 7 : Un rôle que peuvent jouer les Iles Canaries dans ce point de rencontre des luttes et des intérêts stratégique ?

M. Khalihenna Ould Errachid : Elles  seront le premier bénéficiaire de la stabilité, pas seulement car l’autonomie au Sahara offrira des garanties de paix, mais parce qu’elles seront un partenaire commercial privilégié. La fin du conflit contribuera aussi à l’arrêt de l’émigration clandestine et ouvrira des perspectives aux projets d’affaires dans la pêche, la prospection pétrolière et le tourisme.

Sa vie n’est pas un livre. Elle se trouve dans des livres. Sa personnalité suscite la polémique, fin politique, diplomate jusqu’à la moelle. Sa mémoire est chargée de secrets. Il a été une personnalité fondamentale dans la sortie de l’Espagne du Sahara. Il était le leader du projet espagnol pour entraver l’impulsivité des Sahraouis défenseurs de la liberté. Et avant la Marche verte, il a juré fidélité à Hassan II, qui l’a récompensé avec le ministère des Affaires Sahariennes pendant 17 ans. Depuis la fin des années 70, il est devenu Président du Conseil municipal de Laâyoune. Il dispose de la nationalité espagnole, a fait ses études avec une bourse en ingénierie, à Madrid. Sa capacité à susciter l’admiration lui a permis de fréquenter la société franquiste. Il s’est marié à une femme riche de Séville, et après cela, il a été poussé par le régime (franquiste) à présider le parti de l’Unité nationale sahraoui.

En mars, il a été désigné Président du Corcas. Il est né en 1951 et dispose d’une pièce d’identité espagnole. "L’Espagne m’a proposé d’être le Président de la République espagnole. Mais cela n’était pas possible, car j’ai toujours cru en la grande fraternité entre l’Espagne et le Maroc. J’ai évité la guerre, et je veux pour le Sahara, la même chance. Et à ce niveau, peu m’importe que mon rôle soit ou ne soit pas reconnu, dans cette partie de l’histoire".

Ould Errachid est cependant, confronté à des critiques qui questionnent le rôle de l’Espagne dans le soutien aux plans d’autonomie du Maroc.

Depuis moins de deux semaines le Président espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a proposé au Maroc et au Polisario d’ouvrir un dialogue pour arriver à un accord. Le Président du Corcas se rappelle le rôle de l’Espagne dans la prolongation de l’opération des visas, en le considérant comme "humiliant pour les Marocains, car elle dure jusqu’à une semaine".    

 

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