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vendredi 19 avril 2024
 
 
 
Dossiers

Le secrétaire général du Conseil Royal Consultatif des affaires sahariennes (CORCAS), Dr Maouelainin Maouelainin Ben Khalihenna, a prononcé, mercredi 25 avril, une allocution devant la commission des relations extérieures et de la défense du Sénat belge, dont voici la teneur :



SOMMAIRE

1. PREAMBULE
2. LA CONSTITUTION ET LES MISSIONS DU CORCAS
2.1. La réconciliation
2.2. Le développement de la région du Sahara
2.3. La préparation du projet de l’autonomie
3. POURQUOI UNE TELLE PROPOSITION ?
4. LES ORIGINES D’UNE CRISE
5. DE L’IMPOSSIBILITE D’ORGANISER LE REFERENDUM
6. SORTIR DE L’IMPASSE

1. Préambule

La crise du Sahara occidental n’est pas une question de décolonisation. Ce n’est pas une décolonisation qui n’a pas été mené à terme pour la simple et bonne raison que cette question a été résolue selon les règles établies par la légalité internationale en la matière en 1975 entre l’autorité colonisatrice le Royaume d’Espagne en l’occurrence, et la partie légitimement demandeuse le Royaume du Maroc, et ce, tel que cela s’est toujours passé entre les deux pays voisins. L’accord a été enregistré comme document officiel auprès de l’assemblée générale des Nations Unies

Ainsi le processus de décolonisation du Maroc vis-à-vis de l’Espagne a été un processus difficile et long, mais un processus pacifique et fondé sur la négociation.

La crise du Sahara est un problème politique interne maroco-marocain et plus particulièrement entre les Sahraouis qui dans les conditions de l’époque de la guerre froide a pris une dimension régionale puis internationale. Et c’est pour régler cet épineux problème que le Conseil royal consultatif des affaires sahariennes a été créé.

2. La constitution et les missions du Corcas

Le texte fondateur du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes spécifie que le Corcas contribue, auprès du Souverain, à toutes les questions qui concernent la défense de l’intégrité territoriale du Royaume, la réalisation du développement économique et social de la région du Sahara et la préservation de leur identité culturelle.

Bien entendu, le Corcas a respecté dans sa composition la représentation effective de toutes les tribus Sahraouis. On a aussi pris en compte la représentation des différentes générations : les jeunes et moins jeunes, et les femmes. 

Les trois missions fondamentales du Conseil : 
   
2.1. La réconciliation

Il s’agit en la matière d’une réconciliation, d’abord, des Sahraouis les uns avec les autres, et entre eux et l’administration marocaine. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la réconciliation générale entreprise par le Maroc.
Et signe de cette réconciliation, dès le mois de mai 2006 qui a suivi la mise en place du Corcas, le Souverain a décrété une amnistie générale pour les 46 détenus politiques qui étaient en prison.

Désormais toutes les personnes sont libres d’exprimer leurs opinions y compris celles en faveur des thèses séparatistes. Et les quelques activistes qui vont prêcher le séparatisme en Europe, en Amérique ou ailleurs voient leur droit à la circulation respecté aussi bien au départ du Maroc vers l’étranger que pour y retourner alors que certaines de ces personnes ne sont même pas originaires de la région.

La seule limite qui existe est celle que met tout pays démocratique pour agir contre les actes de violence et pour protéger les biens et les personnes. Cela correspond bien à un Maroc ouvert réconcilié avec lui-même, pluraliste et démocratique.

Voyons ce qui se passe de l’autre côté. Nous avons une organisation politico-militaire à la direction unique, à la pensée unique et à la structure monolithique, et qui de surcroît domine dans les camps par la kalachnikov et la détention des clés des magasins d’approvisionnement. En d’autre terme, le Polisario en tant que mouvement totalitaire ne règle les différends avec ses détracteurs que par la force et parfois même par l’élimination physique. Il n’a donc aucune leçon à donner en matière de droits de l’homme.

D’autre part, les aides humanitaires qui proviennent aussi bien du Programme alimentaire mondial, du Haut commissariat aux réfugiés que d’ONGs internationales sont distribués par les seuls responsables du Polisario.

Comment peut-on parler dans ce genre de situation de représentativité, sauf à croire que le geôlier puisse un jour représenter son prisonnier ? Mais malgré cela et par esprit de réconciliation, nous tendons notre main au Polisario parce que nous considérons que ce sont après tout nos parents, nos frères, nos cousins et bien sûr nos concitoyens.   
 
2.2. Le développement de la région du Sahara

Le conseil a aussi un rôle de promotion et d’encadrement des projets de développement économique et social dans la région du sud, et leur accompagnement jusqu’à leur  réalisation finale.

Le Corcas propose à Sa Majesté le Roi des solutions pour régler tous les problèmes et entraves qui constituent souvent le substrat de mécontentement social que les tenants des thèses du séparatisme présentent comme étant les manifestations favorables à leur revendication. 

2.3. La préparation du projet de l’autonomie

La tâche la plus importante de la mission du Corcas a été la préparation du projet d’autonomie. Pour ce faire, le Corcas a tenu une session extraordinaire de trois jours à partir du 26 mai 2006. Les réunions, discussions et échanges de point de vue ont duré six mois et les travaux se sont vues alors prolonger jusqu’au mois de décembre 2006.

Ainsi, le Corcas a organisé de nombreuses réunions dans toutes les villes et bourgades de la région du Sahara afin d’expliquer aux sahraouis la nouvelle politique du Royaume et écouter leurs doléances en toute liberté et transparence.

Des visites de travail ont aussi été effectuées dans les pays précurseurs en matière de régionalisation et d’autonomie notamment l’Espagne, la France et la Belgique.

C’est le résultat de tous ces échanges qui a donné lieu au projet présenté à Sa Majesté le Roi, le 6 décembre 2006. C’est un projet révolutionnaire pour un pays comme le Maroc et qui rentre parfaitement dans la continuité des grands chantiers socio-économiques initiés par Sa Majesté le Roi depuis son accession au trône.

Il ne faut pas oublier que le Maroc, l’une des plus vieilles nations, dispose d’un fond historique très centralisateur, qui s’est renforcé par la culture jacobine de l’administration du protectorat français.

Ce caractère rend effectivement ce projet d’autonomie révolutionnaire dans le monde arabe, musulman et africain. Il fait rentrer le Maroc dans le cadre des pays les plus démocratiques. Notre projet n’a rien à envier aux autonomies telles qu’elles sont vécues par exemple en Espagne. 

D’autre part, ce projet d’autonomie n’est pas seulement une solution concoctée à la hâte et sous la pression du temps à l’usage de protagonistes d’une crise explosive. L’initiative du Maroc pour entreprendre la négociation, sortir de la crise et clore le dossier du Sahara, même si c’est effectivement une action sincère et affirmée à destination de tous les Sahraouis là où ils se trouvent, est un projet qui s’inscrit dans un mouvement de réforme de fond et d’un projet global de société lancé par SM le Roi Mohammed VI.

Le jeune Roi du Maroc, courageux et visionnaire, aux convictions démocrates et sociales forte, a dés son intronisation décliné son programme et mis en route sa réalisation.

Le chantier de l’élargissement des libertés et le règlement du passif des violations des droits de l’Homme dans le passé par le biais de procédures de justice transitionnelle ont été érigés en exemple.
Le volet des droits politiques de ce grand chantier de réforme institutionnel a beaucoup avancé notamment avec la réforme du code pénale et le traitement de tous les dossiers des atteintes aux droits de l’homme sans tabou ni aucune restriction.
 
On peut aussi citer la réforme du code d’état civile par le biais du quel a été inscrite, dans la loi marocaine, l’égalité stricte entre les hommes et les femmes, en matière de mariage, divorce, responsabilité de la famille.

Ce code, somme toute étonnant dans l’aire géographique à laquelle appartient le Royaume du Maroc, a aussi apporté un important arsenal de dispositions pour améliorer la situation des femmes et pour réduire l’injustice à leur égard.

Avec l’Initiative nationale pour le développement humain, c’est le volet social et celui des droits économiques qui a été entamé.

L’Initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara est le troisième volet de cet ensemble. Il est clair que les Sahraouis ont bénéficié, comme l’ensemble de leurs concitoyens, des volets précédents ; ce qui n’est que justice mais la spécificité de leur région et la volonté nationale d’élargir encore plus le champ des libertés, notamment de la région du Sahara par rapport au centre, constituent le cadre de conception de l’initiative marocaine.

Sa conception, elle, a été faite selon cet esprit démocratique qui fait valoir la concertation et la participation des citoyens concernés à la préparation du projet.

Ainsi, les citoyens sahraouis ont longuement débattu à travers leurs représentants au sein du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes sur la forme et le contenu de cette autonomie. Le produit de leurs débats a bien entendu été la base même de l’initiative, mais aussi le résultat de la large concertation de toutes les autres instances concernées à savoir, partis politiques, organisations de la société civile…etc.

3. Pourquoi une telle proposition ?

La question est légitime. Après tout, le Royaume du Maroc est dans son territoire. L’ensemble des citoyens, particulièrement la majorité des Sahraouis sont unanimement derrière le Souverain en faveur de l’intégrité territoriale de leur pays.

Militairement, le dossier a été réglé en faveur du Maroc et l’autre partie, en pleine déconfiture, ne dispose aujourd’hui d’aucune capacité pour y revenir.

Mais il y a deux raisons importantes qui ont incité le Royaume à entreprendre cette démarche.

La première : Il y a d’abord la raison humaniste et humanitaire, et surtout celle du devoir qui incombe à l’Etat et à la Nation toute entière vis-à-vis de l’ensemble de ses citoyens.

Il s’agit en l’occurrence des sahraouis qui se trouvent à Tindouf et qui sont objectivement dans l’incapacité d’être libres de choisir individuellement de revenir chez eux, parce qu’ils sont, matériellement et pour leur subsistance, soumis à la pression des caciques et irréductibles du Polisario.

Ils vivent dans le dénuement et les difficultés dans les camps de Tindouf. Et cette situation dure depuis plus de 30 ans, si bien que deux générations n’auront connues que cette impasse des camps, même si une partie parmi ceux qui ont été emmenés là bas en 1975, par la ruse et la tricherie , a pu en partie revenir au Maroc, s’installer en Mauritanie ou émigrer dans d’autres pays comme l’Espagne.

A cet égard, et même si personne ne dispose du nombre exact d’habitants des camps de Tindouf, tenu par le Polisario et l’Algérie pour un secret militaire, moins du tiers des habitants du Sahara sont partagés entre les campements des retenus, l’Espagne et la Mauritanie ; alors que la Minurso a estimé dans le cadre du recensement qu’elle a effectué entre 1997 et 2001 , que plus des deux tiers (2/3) des Sahraouis sont attachés à leur patrie le Maroc et se trouvent chez eux au Sahara.    

La seconde : la deuxième raison est d’ordre politique et stratégique. La région du Sahel dans les confins de laquelle se trouvent les camps de Tindouf, est une zone à risque. Très étendue (plus d’un million de mètres carrés), à cheval sur plusieurs pays, cette région se caractérise surtout par le fait qu’elle est le théâtre et le passage d’un éventail important de trafics et d’activité criminelles.

Les bandes qui interviennent dans le trafic des clandestins font passer leurs victimes par les étendues du Sahel. Les récits des émigrants indiquent que les groupes des candidats changent de mains plusieurs fois à travers les étendues du désert.

Beaucoup de groupes dissidents des pays de la région se sont depuis longtemps repliés vers cette étendue où leur capacité de manœuvre est grande et où les états auxquels ils sont opposés peuvent moins facilement les atteindre.

Depuis l’apparition d’Al Qaeda et son implantation dans la région, ces groupes, qui s’adonnent au trafic aussi bien des armes de la drogue, constituent un vivier important pour la nébuleuse de Ben Laden.

Les groupes terroristes qui sévissaient en Algérie constituent actuellement l’ossature de cette menace qui se rapproche.
Le Polisario mouvement politico-militaire dont la structure est monolithique et dont la direction est la même depuis 1976, ne pourra pas résister longtemps à ces sirènes surtout s’il continue à servir la même impasse aux jeunes.

En la matière, voici le propos de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies, que le précédent secrétaire général M Kofi Annan mentionne dans son rapport du 19 avril 2006 : « la poursuite de l’impasse actuelle favoriserait la violence. Cette violence ne déboucherait pas sur l’indépendance du Sahara occidental mais condamnerait plutôt une autre génération de Sahraouis à grandir dans les camps de Tindouf. ».

Au-delà de ces arguments dictés par la raison et les données objectifs, il y a l’argument de la légalité internationale.
 
La communauté internationale et les rapports des secrétaires généraux en attestent. Ils réclament depuis longtemps aux parties de se mettre autour de la table de négociation en apportant une proposition qui peut faire avancer le règlement de ce dossier.
C’est exactement ce que propose le Royaume du Maroc, qui apporte avec son initiative pour la négociation sur l’autonomie au Sahara une base concrète qui ouvre des perspectives nouvelles à la résolution juste, équitable et mutuellement acceptable de ce dossier.

4. Les origines d’une crise

4.1. Genèse et historique du conflit

Pour mieux comprendre les raisons de cette impasse et l’évolution qui a mené à la situation actuelle, il est nécessaire d’expliciter la situation complexe à laquelle était confronté le Maroc lors de sa colonisation.

Avant la colonisation et l’imposition du protectorat au Maroc, le pays était entièrement souverain, indépendant et uni, et le Sahara était sous souveraineté marocaine. Il n’y a jamais eu pendant cette période quelque entité que ce soit au Sahara séparée du Maroc.

Le Sultan du Maroc exerçait son pouvoir par la nomination de certains responsables, comme les caïds ou son représentant personnel.

Les documents existants prouvent que chaque fois qu’une puissance étrangère essayait de pénétrer au Sahara, ou que certains de ses ressortissants se sont fait prisonniers, c’est le Sultan du Maroc qui réglait les problèmes avec la puissance concernée.

Les négociations se déroulaient, par l’intermédiaire des ambassadeurs. Cela est prouvé par les documents officiels, marocains ou étrangers. Et ces documents existant à Rabat, à Paris, à Londres, à Madrid, à Lisbonne et à Berlin, le prouvent parfaitement bien. Il suffit juste de s’y référer et de les consulter. Ces documents confirment la souveraineté que le Maroc a toujours exercée sur la région du Sahara.

Avec la colonisation, l’affaire va se compliquer puisque conformément à la conférence de Berlin de 1884, le Maroc sera partagé entre trois puissances. Une puissance internationale à Tanger et un morcellement en régions séparés entre le protectorat espagnol au nord et au sud, et le protectorat français au centre.

La procédure de décolonisation avec les deux puissances, la France et l’Espagne, a suivi deux cheminements différents.

La partie qui était sous protectorat français a été récupérée d’un seul tenant en 1956.

Avec l’Espagne, la décolonisation du Maroc a été longue et difficile, mais cela a toujours été un processus pacifique qui a suivi la voie du dialogue et de la négociation.

Les territoires sous son protectorat étaient dispersés entre le nord, le centre et le sud. La récupération a été faite par étapes successives : le nord en 1956, Tanger en avril 1956, Tan Tan et Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969 et le Sahara en 1975.

Le problème actuel s’est noué dans le laps de temps qui sépare le retour de Sid Ifni et le Sahara. La décolonisation ne se réduit pas à des accords entre des entités étatiques naissantes et colonisatrice rationnelles.

Il y a sur le terrain des humains qui revendiquent. Et dans le cas du Maroc, l’exigence de récupérer l’ensemble du territoire national était portée par des hommes, en l’occurrence les membres de l’armée de libération nationale qui pour sa partie sud était menée par les citoyens marocains du Sahara, dont faisaient partie les parents même de la trentaine de jeunes qui iront fonder le Polisario en 1973 en Mauritanie.

Ces combattants de l’intégrité territoriale qui ont tenté d’achever l’indépendance du Maroc du nord au sud, se feront refouler après une résistance héroïque à une action combinée entre les armées française et espagnole. Le nom de code de cette opération est «l’Opération Ecouvillon ».
Elle a été combinée par la France qui occupait à l’époque l’Algérie et la Mauritanie et qui a senti que l’action de l’armée de libération marocaine constituait une menace sérieuse pour ses possessions nord africaine.

Les combattants sahraouis seront refoulés avec leurs familles, de même qu’une grande partie de leurs tribus, vers la partie indépendante du Maroc.

4.2. Naissance du Polisario

C’est là, dans la région de Tan-Tan que les jeunes de ces familles, qui s’impatientaient de voir leur région tarder à se libérer, ont tenté pendant les années 1971 et 1972 en manifestant de rappeler cette situation.

Ils l’ont fait dans le contexte de l’époque où la guerre froide et l’activisme progressiste de l’opposition interne et externe imposaient à l’état marocain une lutte pour sa propre existence.

Le grand paradoxe de l’épisode des années 70 est que les jeunes manifestants de Tan-Tan dont les fondateurs même du Front Polisario seront emprisonnés sur l’ordre de ceux là même qui, quelques mois plus tard, commettront deux tentatives de coups d’états contre le pouvoir central.

Il faut préciser ici que ces jeunes manifestants qui fonderont le Polisario faisaient à l’époque leurs études à l’université Mohamed V de Rabat.

Dans ce contexte là, la Lybie et l’Algérie étaient dans le bloc de l’Est alors que le Maroc était un allié important de l’Occident.

Les jeunes manifestants de Tan-Tan, qui ont subit un tabassage en règle et l’humiliation de la prison, ne comprenaient rien de ce qui s’est passé, car leur seul délit était d’avoir manifesté pour que le Maroc récupère son Sahara.

Les plus activistes parmi eux, passeront à l’acte et iront fonder le Front. Et quoi de plus normale pour ces jeunes que d’aller s’installer dans l’Algérie qui était à l’époque la Mecque de tous les activistes de l’anti-impérialisme en Afrique.

Le processus de régionalisation du problème du Sahara débutera à ce moment.

4.3. Le Parti de l’Union Nationale Sahraouie (PUNS)

De l’autre côté de cette frontière qui séparait les deux parties, de cette même patrie le Maroc, il y avait d’autres jeunes qui paradoxalement, vivaient une expérience similaire mais qui allaient dans le sens opposé c’est-à-dire celui de l’unité. Ces jeunes nationalistes appartenaient tous aux mêmes groupes tribaux que leurs congénères.

Les autorités coloniales espagnoles ont cru pouvoir les utiliser pour la création d’une entité séparatiste au Sahara.

Regroupé dans une formation appelé le Parti de l’union nationale sahraoui « PUNS », ces jeunes dont quelques uns font partie des membres du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes, notamment leur dirigeant et actuel président du Corcas, Khalihenna Ould Errachid, n’entendront que la voix de l’unité nationale telle qu’ont vécu et vu leurs parents la revendiquer et la défendre.

Ils partiront alors au nord du pays pour participer à l’effort national pour la défense de l’intégrité de leur pays de toujours, le Maroc.

Ainsi M. Khalihenna Ould Errachid a présenté son allégeance et celle des Sahraouis à Sa Majesté Hassan II en 1975.

4.4. Récupération de la région Sahara

Pendant ce temps là, le Maroc a tenté une nouvelle démarche comme celles qu’il avait l’habitude de mener vis-à-vis de l’Espagne pour reprendre la partie sud de son territoire.

Cette fois ci, Sa Majesté le Roi Hassan II innovera en faisant précéder sa démarche d’une action au près de la Cour internationale de justice à La Haye. Deux questions se sont alors posées :

1) le Sahara dit espagnol était-il un territoire sans maître (Terra Nullius) ? 

2) Sinon, quels étaient ses liens avec le Royaume du Maroc ?

Aux deux questions, les réponses sont positives pour le Maroc :

1) Non, ce territoire n’était pas « Terra Nullius » 

2) Un  lien juridique d'allégeance existait entre le Sultan et les tribus nomades de ce territoire. 
Pour le Maroc comme d’ailleurs pour l’Espagne, la messe a été dite puisque pour les deux questions essentielles, les réponses étaient claires.

Le Maroc fort de l’appui du jugement de la CIJ et devant l’entêtement des autorités espagnoles, a enclenché la marche verte qui a permis la récupération sans heurts des territoires sahraouis.

Les négociations auront lieu et les accords pour le bouclage de ce volet de la décolonisation seront entérinés.

4.5. Déclenchement de la guerre

Il n’y aura ni manifestation contre l’arrivée de l’autorité marocaine, ni action de guérilla à ce moment là. Un seul acte marquera cette période. Quelques milliers de personnes rassemblés par les soins du Polisario pour des meetings se retrouveront après quelques déplacements des lieux de réunions initialement prévus, de Tifarity à Bir Lahlou jusqu’à Tindouf où les camps étaient déjà préparés.

Les deux principaux pays alliés du bloc de l’Est à cette époque intense de la guerre froide en Afrique du nord, étaient la Libye et l’Algérie.

La première entamera donc l’action en finançant et en armant le Polisario avec les armes les plus sophistiquées de l’époque que même certaines armées régulières de certains pays développés ne pouvaient se permettre.

La seconde, dont la plus haute autorité à savoir le président Houari Boumediane, avait soutenu les droits légitimes du Maroc au début du conflit. Il rendra public sa position consistant en son soutien au Maroc pour la récupération de ses provinces du sud lors du sommet arabe de 1974.

Il changera alors de position à cause, entre autres, du différend frontalier qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il participera alors à la création de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique) en 1976 avant de prendre complètement le relais du financement et de la prise en charge totale du Polisario après le désengagement libyen en 1983.

Sur le plan international et eu égard à la situation de lutte entre les blocs, le dossier du Sahara est passé de la dimension régionale au statut de crise internationale sous les effets de la guerre froide.

La question est d’évaluer la gravité de la situation et d’éviter de sous-évaluer l’impact de la continuation du conflit sur la sécurité et la stabilité de la Méditerranée.

4.6. Position d’Alger

Alger prendra donc le relais et la guerre sera entamée en 1976. Cette guerre se poursuivra jusqu’en 1991, mais dans la réalité du terrain, elle s’affaiblira à la fin de 1989, plus exactement après les mois d’octobre et novembre de cette même année pendant les quels les dernières batailles importantes ont eu lieu.

Les murs de consolidation que le Maroc a construit ont beaucoup contribué à la sécurisation du Sahara.

Mais, il n’en est pas moins surprenant que la fin des opérations militaires et le renforcement de la situation d’impasse pour le Polisario soient concomitants de la chute du mur de Berlin, l’événement le plus retentissant et symbolique de la fin de la guerre froide.

Il est à noter que dans le long cheminement de ce dossier du Sahara, les observateurs objectifs et neutres ont observé que chaque action positive accomplie par le Maroc dans le sens de l’apaisement a été contrariée par une contre action négative systématique de la part de l’Algérie.

Ainsi, entre autres,

. En 1975 à l’organisation par le Maroc de la Marche verte, Alger répondra par le refoulement de 52.000 marocains qui ont participé à la libération de l’Algérie et qui continuent à réclamer leurs dédommagements suite au préjudice porté.

. A la décolonisation de la région du Sahara et son retour au Maroc en 1975, Alger répondra par la proclamation de la RASD, entité crée en toute illégalité internationale, avec un minimum de population à Tindouf qu’on n’a même pas pris la peine de consulter et en occultant la volonté des populations sahraouis. Une entité qui n’existe en fait que sur le territoire algérien et sur Internet.

. Après l’acceptation du Maroc par la voix de SM le Roi Hassan II d’organiser le referendum d’autodétermination en 1981 à Nairobi, Alger répond par l’introduction frauduleuse de la RASD dans l’OUA.

. Quand le Maroc a accepté le plan Baker I, Alger a torpillé le plan en proposant le partage du Sahara.

. Dernièrement, lorsque le Maroc a finalisé son initiative pour l’autonomie du Sahara, Alger n’a pas tardé à essayer le sabordage en proposant un soi-disant projet qui n’apporte rien de nouveau qui puisse résoudre le conflit et satisfaire l’ensemble des parties et qui n’a pour but que de semer la zizanie et la confusion dans l’esprit de l’opinion internationale. Nous rappelons au passage l’intérêt porté par les capitales orientales et occidentales au projet d’autonomie du Maroc .

   Actuellement, nous demandons à l’Algérie pays frère, ami et voisin du Maroc de prendre la main qui lui est tendue, pour du moins faciliter la réconciliation entre Sahraouis de toute part en convainquant le Polisario à plus de souplesse, sinon garder la neutralité qu’elle prêche dans son discours adressé aussi bien à son peuple qu’au peuple marocain et peuples du monde dans lequel les responsables algériens crient haut et fort que « l’Algérie n’est pas impliqué car : n’ayant rien à revendiquer ni rien à accorder  ».

   L’Algérie fera ainsi coïncider ses actes avec sa parole et aura ainsi contribué au règlement de la question du Sahara.

5. De l’impossibilité d’organiser le référendum

Après l’accord du cessez-le-feu de 1991 et suite à l’acceptation du Maroc d’organiser un référendum mettant fin au conflit du Sahara en 1981 à Nairobi, les Nations Unies ont entamé les préparatifs de l’étape fondamentale de l’identification du corps électoral.

Mais cette identification s’avérera impossible à cause des entraves continues du Polisario qui refusait systématiquement l’identification des populations du Sahara malgré leur conformité aux critères d’identification préétablies par le Secrétaire Général des Nations Unis.

A cet égard, il faut savoir que les Nations Unies n’ont jamais pu organiser de referendum basé sur un processus d’identification depuis la création de l’ONU en 1945.

Pour organiser une telle consultation, l’identification de toute la population sahraouie était nécessaire quelque soit leur lieu de résidence. Là encore, les circonstances de réalisation de la colonisation et leurs conséquences lors de la décolonisation  ont compliqué la situation.

Lors de la conférence de Berlin de 1884, les frontières des futures possessions des puissances coloniales participantes ont été tracées à la règle.

Les bureaux d’état major français et espagnol ont précisé les accords sur des cartes qui ne prenaient en compte que l’espace géographique en négligeant l’aspect humain et social.
La conséquence de cette situation est que des tribus voire même des familles se sont retrouvés séparer entre plusieurs pays qui partagent l’espace vital et naturel des tribus sahraouis, à savoir le Maroc, l’Algérie, le Mali et la Mauritanie.

Or pour que le referendum fondé sur l’identification des tribus ait un sens et soit démocratique, il est nécessaire de l’organiser pour l’ensemble des tribus dans leur espace étendu de vie.

Dans ce cas, comment faire ? Faut-il regrouper toutes ces tribus dans la partie du Sahara qui revient au Maroc ? Faire voter des membres d’une même famille et ne pas faire voter les autres ?

La seule solution équitable, démocratique et qui respecterait véritablement les normes légales et internationales en la matière aurait été de rassembler l’aire géographique historique des tribus, permettant ainsi à l’ensemble des Sahraouis de voter sur l’ensemble de leurs terres.

Le référendum aura été, à ce moment là, honnête, juste, démocratique et équitable.

Et à la limite, en faisant cela on n’aurait plus du tout besoin de leur demander « qui est qui ? » et « de quelle tribu il est ?».

Mais pour ce faire, il aurait fallu bouleverser les frontières reconnues des quatre pays précités. En plus de son impossibilité, cette démarche est une aberration politique qui risquerait de mener la région à l’instabilité que personne au monde ne peut souhaiter.

Les Nations Unis ont donc tenté pendant plus de 10 ans de surmonter les difficultés du problème.

Les secrétaires généraux successifs de l’ONU depuis M. Pérez De Cuellar ont tenté de trouver une sortie à cet imbroglio pour réaliser ce processus en faisant appel à des dizaines d’experts de par le monde.

Les instances internationales ont conclu à l’impossibilité technique et politique d’organiser ce référendum basé sur l’identification . 

6. Sortir de l’impasse

L’impasse était donc totale, et c’est ce qui a mené les Nations Unis à prospecter une autre piste pour trouver une solution à un problème qui n’a que trop duré.

L’ancien secrétaire d’état américain James Baker est nommé représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies.

Après les tractations effectuées par M. Baker dans la région avec l’ensemble des protagonistes, il présentera une première proposition de solution connue sous le nom de Plan Baker I que le Maroc a accepté mais que l’Algérie et le Polisario ont rejeté.

Le plan Baker II sera rejeté par le Maroc et accepté cette fois-ci par l’Algérie et le Polisario.

Après ce match nul constaté par les Nations Unis, il a été conclu que l’ultime option serait la négociation politique entre les parties du dossier pour faire sortir le conflit de l’impasse dont lequel il se trouve.

Les Nations Unies confirmeront à plusieurs reprises que les parties en conflit devraient entamer des négociations afin d’aboutir à une solution juste, équitable et mutuellement acceptable.
C’est ce que propose le Maroc, dans un esprit d’ouverture et en conformité aux décisions du Conseil de sécurité et des Nations Unies. 

   Le Polisario, et en cela il est soutenu par l’Algérie bien entendu par ce même esprit de contradiction déjà évoqué, a remis au secrétaire général des Nations Unies M. Ban
 Ki-moon un document qui n’apporte rien de nouveau.

   Cependant et comme vient de le déclarer le Président du Corcas, M. Khalihenna Ould Errachid lors de sa dernière réunion extraordinaire « Il est certain que les enfants du Sahara, quel que soit leur lieu de résidence, dans les provinces sahariennes, les camps de Tindouf et même les leaders du front Polisario, arriveront à la conclusion que, tôt ou tard, l’unique solution possible au conflit sera le projet d’autonomie.
 
   Il n’y a pas d’autre solution envisageable satisfaisant l’ensemble des parties. C’est la conviction profonde, juste et équitable de tout sahraoui indépendamment des actions des Nations Unis et des éléments du dossier. Les Sahraouis croient, après 32 ans de conflit, qu’il n’existe pas de solution garantissant les droits de l’ensemble des parties, et assurant la paix et l’équité, autre que le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine ».                        

 

 

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